mercredi 2 juin 2010

Le recrutement de masse

Le 7 août 1913, la durée du service militaire est porté de 2 à 3 ans pour augmenter le nombre de soldats de l'armée active. En effet, l'armée impériale compte 850 000 hommes contre seulement 549 000 pour l'armée française. La politique de recrutement de masse est déjà en route. Lors de la mobilisation générale d'août 1914, l'armée passe à 2 millions d'hommes.

D'octobre 1914 à juillet 1915, les conseils de révision ont visité les classes 1915, 1916, 1917, ces deux dernières par anticipation , pour renforcer une armée déjà décimée par les nombreuses pertes des premiers mois de conflit.

A la suite d'un décret spécial, dès décembre, les réformés, sursitaires, passent au contrôle de révision (plus sévères) et d'autres hommes partent au front (après une période d'instruction plus ou moins longue selon les années). Plus de 48 % des réformés, ajournés et exemptés des classes 1915 à 1919 sont intégrés, dont une très grande proportion dans le service armé (en majorité dans l'infanterie).


Ce tableau montre la proportion des soldats incorporés par rapport aux inscrits sur les tables de recensement. Ainsi en janvier 1916, près de 95 % des jeunes inscrits de la classe 1917 sont incorporés soit seulement 5% de réformés !.

La politique de recrutement est poussé à l'extrême avec la récupération de blessés et malades guéris, renvoyés dans le service armée (entre 78 et 93% selon les sources), une grande part étant même renvoyée au combat.
Autre source de recrutement les engagés volontaires. Une grande propagande est mise en place pour inciter ceux encore épargné par le rappel sous le drapeau. (par leur métier ou leur âge). Beaucoup d'hommes devancent les nouveaux projets de recrutement et s'engagent volontairement dans l'armée pour 3 - 4 ou 5 ans, voir pour la durée de la guerre.

Dans les services armées pour la première fois, on remplace les postes administratifs par du personnel féminin, c'est la "chasse aux embusqués".

Entre 1914 & 1918, 8 millions d'hommes de 18 à 45 ans sont mobilisés soit 20 % de la population française.

Voici pour les chiffres officiels et nationaux. Plus proche de la réalité, au sein même de la famille, c'est plusieurs fils qui partent ensemble ou tout au long du conflit. On espère la fin de la guerre avant que le petit dernier ne soit à son tour recruté. Mais malgré la disparition d'un - voir de plusieurs- aîné, rien n'empêche le départ du plus jeune. Ainsi une famille (1) a vu partir successivement ses 5 fils (2 sont morts) ; Le Président Paul Doumerc (1931-1932) a perdu 4 de ses 5 fils dans ce conflit et de nombreuses familles étaient dans ce cas.

A Moissac, Louise (2) mère de 8 enfants dont 6 filles, a perdu ses deux fils, les derniers de la fratrie (20 - 27 ans).

Mais perdre un seul enfant est tout aussi dramatique.

Pour leur mémoire et pour ceux aussi qui en sont revenus, blessés, meurtris dans leur corps comme dans leur âme, et dont nous sommes tous descendants.

Chalou.

sources :
- CAIRN.Info : "La contribution de la jeunesse française à la formation d'une armée de masse" Philippe BOULANGER
- la Revue "je sais tout" : le recrutement des soldats
(1) Histoire - Généalogie : "c'était une famille comme les autres".
(2) Louise CAPGRAS mère de Jacques & Émile BACH. Leur père Joseph étant décédé avant 1914.



1 commentaire:

Anonyme a dit…

Toujours très interessant. Nous les "sentons" sur le départ. Les jeunes un peu fous, peut-être...Les autres, pères et époux, très inquiets.Les femmes, mères avant tout,soeurs et épouses, seront dans l'attente quotidienne et tellement incertaine du retour de leurs gars.
C'est moche la guerre. Et pourtant 100 ans après, rien n'a changé.
Guerre chirurgicale....mais guerre toujours et partout

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