mardi 5 mars 2013

Germain BACOU (1895-1918) Bravoure et courage

FAMILLE BACOU et BAYLÈS

Le 25 novembre 1893, à environ trente kilomètres au sud-ouest de Moissac, dans un petit village de Lomagne, à Marsac, Georges BACOU, 24 ans, négociant, épouse Elisabeth Marie BAYLÈS, 21 ans sans profession. Georges est Moissagais, fils de François (1840-1891), chiffonnier et de Marie POUMAYROL. Le 14 juin 1895, à Moissac, naît un fils, Germain Charles Rodolphe Antoine.

Les recherches sur les tables décénales de Moissac - ainsi que sur celles de Marsac - nem'ont pas permis de découvrir d'autres enfants pour le couple Georges x Elisabeth Marie. Je note des cousins, parmi eux, Arnaud BACOU né en 1889 à Moissac et Fernand BAYLÈS né en 1891 à Marsac.
Le 1er août 1914, les classes de 1888 à 1913 sont mobilisées. La classe 1914 recensée en février mais qui devait être incorporé  en octobre est appelée début septembre.

Georges, 45 ans, est de la classe 1889. Réformé depuis 1905 il ne sera pas mobilisé.
Germain, 19 ans, est de la classe 1915. Par décret du 2 septembre 1914, publié au journal officiel le 6 septembre, cette classe est appelée par anticipation (1 an). Les tableaux de recensement doivent être dressés et la publication en mairie affichée avant le 27 septembre. Les délais habituels sont raccourcis et très vite, les jeunes hommes passent au conseil de révision dans leur canton.
Matricule 790, Germain BACOU, négociant, domicilié à Moissac, 1m74, yeux châtains, cheveux châtain clair, est déclaré "bon service armée". Le tirage au sort est probablement symbolique, la quasi-totalité de ces nouveaux contingents est alors versée dans l'infanterie, après les effroyables pertes subies dans les premières semaines de guerre. La famille est déjà en deuil. Son cousin, Fernand Léon Joseph BAYLÈS a été tué au combat d'Etain, le 24 août 1914. Fernand était de la classe 1911. Sous les drapeaux depuis 3 ans, il attendait sa "libération" en octobre lorsque la guerre a été déclarée.

LES MOISSAGAIS DU  142e EN CHAMPAGNE

Insigne régimentaire
Le 14 décembre 1914, Germain BACOU arrive au 142e Régiment d'Infanterie. Il fera ses classes jusqu'au 14 mai 1915. Sa fiche matricule le signale "aux armées intérieures" pendant cette période.
Ils sont au moins quatre moissagais de la classe 1915 au 142e. Louis Fernand BELVEZE, dit Bernard, 5e compagnie, partira dans les premiers au front et succombe à ses blessures le 26 avril 1915 ; Pierre BARRIÈRE, 2e compagnie, sera tué le 22 mai suivant tous deux au Mesnils-lès-Hurlus dans la Marne.
Joseph BAYLET, arrivé au corps le 19 décembre 1914, rejoint ses camarades au 142e RI.
Germain BACOU, passe "aux services armées", le 15 mai. La période qui suit est comptée double, il est donc parti pour le front. Il arrive en plein combat, dans la Marne. Quelques semaines plus tard il apprendra le décès de la sa mère, Elisabeth Marie BAYLÈS, le 29 juin, à l'âge de 43 ans.
Le parcours qu'il suivra, durant ses 3 années et 5 mois de guerre, sera celui du 142e Régiment d'infanterie. Tout d'abord, la Champagne, avec des lieux tels que Souain, Aubérive, la main de Massiges, et Ville-sur-Tourbe. Le premier hiver est là Les Journaux de Marche et Opérations nous permettent de suivre, pas à pas ce régiment, à partir du 20 janvier 1916. Les hommes au repos cantonnent à Maffrecourt. Le secteur du front est dit "calme" et on y mentionne "beaucoup de boue". Le 5 mars,  on y signale une attaque ennemi, provenant du Mont Têtu, "avec du liquide inflammable", puis le calme revient. Les semaines suivantes s'écoulent entre calme et combat, repos et remontée aux tranchées. La guerre s'enlise depuis des mois dans un face à face sans autre envergure qu'une tranchée à prendre ou à céder. Les conditions de chaque coté des deux camps sont identiques : le froid, la pluie, la boue, les obus, la peur probablement, l'attente, l'espoir.

VERDUN

Fin avril, le régiment fait mouvement et rejoint après un bref repos et de longues marches, le secteur de Verdun. Il entre en ligne le 19 mai à Fort Tavannes.
Le 2 juin 1916, les allemands prennent par surprise, sans combat, Damloup. La garnison est prisonnière, alors qu'aux abords, dans les tranchées, les combats violents déciment les compagnies françaises, sous un déluge de l'artillerie ennemie, parfois dans des combats au corps-à-corps. La 11e compagnie tente en vain de reprendre le village. Elle subit à son tour de nombreuses pertes. Au matin du 3 juin elles s'élèvent à 16 tués, 40 blessés et 407 disparus. Joseph BAYLET est porté disparu ce jour là. Commence alors pour sa famille, ses parents François et Marie, sa jeune soeur, Joséphine, 14 ans, une longue attente faite d'espoir et d'incertitude. Un avis ministériel de disparition est rédigé le 9 juillet 1916.

LA CROIX DE GUERRE

Germain BACOU dans cette guerre a pour mission les liaisons. Il est téléphoniste. On lui décerne en 1917, la Croix de Guerre, pour sa valeur et son courage. Le 142e est alors dans le secteur de Bezonvaux.
"Soldat téléphoniste très brave et très courageux qu'aucun danger ne peut détourner de sa mission. Du 1er 7bre au 1er 8bre 1917 a assuré un service de liaison particulièrement pénible réparant ses lignes sous de continuels et violents bombardements". (extrait fiche matricule).
 Le jeune homme n'en reste pas là et continue à se faire remarquer par sa bravoure. Il sera cité à l' "Ordre du Bataillon n°3 du 24 avril 1918" :
"Courageux et dévoué. Récemment dans un secteur de bataille, les liaisons téléphoniques ne pouvant plus subsister, s'est transformé en coureur pour assurer quand même la transmission des ordres. A été blessé le 4 avril 1918".
Cette blessure est mentionnée sur la fiche matricule "sans autre indication".
Fiche matricule - Archives départementales - Conseil Général 82
Nous somme en septembre 1918, nous savons, nous aujourd'hui, que la fin du conflit est proche. 40e mois au front pour Germain. Il a maintenant 23 ans. Il a sans doute bénéficié d'une ou deux longues permissions qui lui ont permis de revoir sa ville natale et son père et quelques autres plus courtes l'on mené peut-être dans la capitale.
Le 28 septembre, Germain BACOU est grièvement blessé par balle à la tête. Évacué au CR Corbinau de Châlons-sur-Marne, il y décède le 16 octobre 1918, moins d'un mois avant l'armistice.
Joseph BAYLET, porté disparu en juin 1916, était prisonnier de guerre, interné au camp de Henberg Baden. Rapatrié en France, à l'hôpital Auxiliaire des Armées n°17 à Belfort, il meurt le 15 décembre 1918, malade et affaibli par sa captivité.

LA VIE CONTINUE

Le 8 mai 1920 à Moissac, Georges BACOU, 51 ans,  épouse en secondes noces Marie Louise FILHOL, 34 ans, boulangère. Lui a perdu un fils, elle son époux, Albert Léopold JOUGLA, caporal au 67e Régiment d'infanterie, tué à Bouchavesne dans la Somme, le 30 septembre 1916 à l'âge de 33 ans.
Armand BACOU, son cousin, fera les 4 années de guerre au front. Il sera cité à l'ordre du 23e Régiment d'Artillerie (17.02.1919) et décoré de la Croix de Guerre avec étoile de Bronze. Négociant, marié depuis 1913 avec Hélène Marie Louise RAU, il donnera à son fils, né à Moissac le 29 mars 1922, les prénoms de Germain Robert.
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Inscrits aux Monuments au Morts de Moissac :
BACOU Germain
BARRIERE Pierre
BAYLET Joseph
BELVEZE Louis
JOUGLA Albert

N'hésitez pas à suivre les liens présents dans le texte, ainsi que ceux dans les sources ci-après.

Sources
Site le Chtimiste : parcours du 142e de mai 1915 à janvier 1916
Site SGA Mémoire des Hommes : JMO du 142e – Fiches Soldats mentionnés dans l’article.
Archives départementales de Montauban : Fiche matricule Germain BACOU - Joseph BAYLET – Armand BACOU et  Georges BACOU - Généalogie familles BACOU et BAYLÈS - Site des Archives en ligne Conseil Général du Tarn et Garonne.

Pour informations complémentaires :
Site Généanet : arbre « Rouchou », généalogie de plusieurs soldats inscrits au Monuments de Moissac, Castelsagrat et autres communes des cantons de Moissac et Valence (Tarn et Garonne).
Site Mémorial Genweb : fiches des soldats mentionnés dans l’article, tous inscrits au Monument de Moissac, excepté Fernand BAYLÈS inscrit à Marsac (82)
 

3 commentaires:

vero battut a dit…

Votre blog est trés intéressant. Je l'ai adressé à mes connaissances sur twitter. Cordialement. Et continuez

vero battut a dit…

Continuez car votre blog est trés intéressant. Je l'ai twitté à mes "abonnés". Cordialement

chalou a dit…

Merci beaucoup, c'est encourageant.

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